Elle slalomait entre les pieds de tables et de chaises du restaurant. De temps en temps on aurait dit qu'elle s'arrêtait pour regarder les images paradisiaques ou les bandes-annonces diffusées sur le grand écran mural.
Elle se demandait sans doute si elle irait jusqu'au Gaumont Ambassade pour se faire une toile. C'était tentant.
Mais depuis quelques jours elle formait un nouveau plan incroyable mais tellement merveilleux : elle voulait rejoindre les plages de sable fin et la mer bleu turquoise qu'elle avait si souvent vues sur la télévision géante.
Elle avait pensé à tout. Il lui suffisait de traverser les Champs-Elysées pour se faufiler chez Thai Airlines, de là se glisser dans les bagages d'un pilote (beaucoup moins émotif qu'une hôtesse ou un steward) pour gagner les plages idylliques de Koh Phi Phi.
À Koh Phi Phi, ce serait le paradis: la journée se prélasser sur la plage à ne rien faire, le soir profiter du festin épicé des poubelles des restaurants locaux. La belle vie quoi!
Enfin elle pourrait quitter Paris, la pollution, les ordures à demi-pourries, le cuisinier et les garçons de salles qui la poursuivent
à coup de balais-serpillères et les hurlements hystériques des clientes.
Que de rêves dans la tête de la petite souris du Quick Champs-Elysées* !
*celui qui se trouve près de la station Franklin D. Roosevelt. C'est là qu'elle se trouvait ce soir vers 23h.
